Ils s’inquiètent d’une baisse des aides de l’État. Une cinquantaine d’entre eux ont manifesté ce mercredi 2 juin devant la préfecture de Charente-Maritime
Les agriculteurs bio n’étaient pas « à poil », ce mercredi matin, pour manifester devant la préfecture, à La Rochelle, contrairement aux photographies postées sur les réseaux sociaux ces derniers jours, où on les voyait posant dans le plus simple appareil au milieu des champs. Parmi la cinquantaine de manifestants, le député européen EELV (Europe Écologie les Verts) Benoît Biteau, des membres du Groupement d’agriculture biologique 17 (Gab 17) et des élus de La France insoumise.
Nouvelle répartition des aides
Les paysans bio s’inquiètent notamment de la nouvelle répartition des aides françaises que s’apprête à acter le gouvernement dans le cadre d’un futur plan stratégique national (PSN). Des orientations qui mettraient la « bio à poil » donc !
« L’État est en train de créer de nouvelles aides environnementales pour emmener plus d’entreprises conventionnelles vers des pratiques plus vertueuses. C’est une bonne chose. Mais cela n’incite pas à passer à 100 % en bio et ce nouveau label risque de tromper le consommateur. Nous, on dit qu’il faut continuer de soutenir des pratiques vraiment bio, c’est-à-dire avec zéro engrais chimiques et zéro produits phytosanitaires », témoigne Samuel Caillon, éleveur laitier bio à Landrais.
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Chaque année sur les 10 milliards d’euros d’aides publiques versées à l’agriculture française, moins de 2% vont à l’agriculture biologique. Alors que 10% des agriculteurs sont désormais en bio.
Parce que le ministère de l’agrochimie n’est jamais à cours d’idée pour casser la dynamique entourant le développement de la bio, d’ici fin juin, le gouvernement pourrait décider d’amputer des deux tiers certaines aides versées aux paysans bio ! En moyenne, les paysans bio risquent de perdre 131 euros par hectare !
Non content de soutenir l’agriculture chimique en réautorisant les insecticides « tueurs d’abeilles » tout en refusant d’interdire le glyphosate, le gouvernement s’apprête donc à baisser les aides à la bio. Pendant ce temps-là, ce sont des milliards d’euros d’aides européennes qui vont encore être mobilisées pour maintenir un modèle agricole à bout de souffle.
A la veille de décisions importantes dans le cadre des négociations de la PAC (Politique agricole commune) qui détermineront le futur modèle agricole français jusqu’en 2027, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie confirme pour l’instant la politique menée par Emmanuel Macron depuis le début de son quinquennat : soutenir une agriculture productiviste et industrielle dopée aux pesticides tout en cassant la dynamique de l’agriculture bio.
Alors que les citoyens sont très majoritairement favorables au développement de l’agriculture bio (Selon le sondage exclusif réalisé par l’institut IFOP pour Agir pour l’Environnement (mai 2019), 73% des Français étaient favorables au versement des subventions prioritaireme à l’agriculture bio et 89% étaient favorables à l’interdiction totale des pesticides chimiques), le gouvernement continue de soutenir un modèle dépassé et pollueur.
Ainsi , après avoir supprimé une partie des aides à la bio dès 2017, payer les aides à la bio avec plus de 3 ans de retard entraînant des faillites et des surendettements de paysans bio sans compensation, le gouvernement continue son travail de sape.
Nous demandons au gouvernement de revenir sur ses premiers arbitrages et de soutenir massivement la transition écologique de l’agriculture pour les 6 prochaines années :
En fixant comme objectif : au moins 20% de surface agricole en bio en 2027
En mobilisant au moins un milliard d’euros par an (soit 10% du total des aides publiques) pour continuer à développer l’agriculture bio en France.
En conditionnant le reste des aides (soit 9 milliards d’euros) à un respect de l’environnement, de la qualité de l’eau et de la santé avec une baisse massive et progressive de l’utilisation des pesticides (au moins -50%).
Sans une forte mobilisation importante des citoyens, les aides aux agriculteurs bio vont diminuer de 66% et casser irrémédiablement la dynamique de conversion des agriculteurs conventionnels vers le bio et ainsi continuer à favoriser une agriculture industrielle et chimique.
---------------- nombreux articles en national et local ! ( je ne peux pas tout mettre)