Le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a rassuré lundi sur le dossier sensible de l'huile de palme, dont la Malaisie est le deuxième producteur mondial, rappelant que la « taxe Nutella » n'avait pas été adoptée ni soutenue par son gouvernement.
« Il faut éviter les malentendus : la France n'est pas hostile à l'huile de palme », a affirmé M. Ayrault lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre malaisien Najib Razak. Il a rappelé que « c'était d'ailleurs un Français » qui avait diffusé le palmier à huile en Malaisie.
« Au parlement, une initiative avait été prise de taxer les produits contenant les huiles de palme. Cette proposition parlementaire n'a pas été suivie ni soutenue par le gouvernement. Donc il n'est pas du tout envisagé une pénalisation fiscale de l'huile de palme », a insisté le Premier ministre français.
A l'automne dernier, le Sénat avait lancé un débat sur la dangerosité supposée de l'huile de palme destinée à l'alimentation humaine et accusée de favoriser l'obésité et la déforestation.
Un amendement (PS) du Sénat proposait de surtaxer cette huile, une taxe baptisée « taxe Nutella », du nom de la populaire pâte à tartiner au chocolat qui en contient. L'initiative avait été reprise à l'Assemblée nationale par les écologistes, qui voulaient augmenter de 300 % la taxe sur cette huile, mais elle a finalement été rejetée.
« Quelques producteurs et distributeurs français ont pris l'initiative d'étiqueter des produits avec la mention ''sans huile de palme''. Mais ce n'est absolument pas une initiative du gouvernement mais une initiative privée qui relève de la liberté du commerce », a aussi fait valoir M. Ayrault, qui a dit s'être entretenu « avec franchise » de ce dossier avec son homologue.
Il a reconnu que c'était « un sujet sensible, notamment pour les petits producteurs ici qui en vivent ». Toutefois, M. Ayrault a rappelé que « dès l'année prochaine, il va y avoir une réglementation européenne qui rendra obligatoires les indications du nom des huiles utilisées ». « L'huile de palme ne sera pas traitée à part, elle sera traitée comme toutes les autres huiles », a-t-il dit.
Les cours de l'huile de palme ont triplé ces dix dernières années, alimentant une déforestation galopante en Afrique et en Asie du Sud-Est.
L'Indonésie et la Malaisie, premier et deuxième producteurs mondiaux avec 85 % de la production, ont perdu plus de 11 millions d'hectares de forêts entre 2000 et 2010, soit la taille du Danemark, selon une étude publiée dans la revue spécialisée « Global Change Biology ».
Les planteurs de palmiers à huile se sont de plus retrouvés récemment au centre d'une controverse internationale après la multiplication des feux de forêts sur l'île indonésienne de Sumatra. Une enquête est en cours sur des accusations de médias selon lesquelles des plantations de palmiers auraient volontairement incendié la forêt primaire ou la tourbière afin de défricher à moindres coûts.
Les incendies ont provoqué une importante pollution atmosphérique chez les voisins malaisien et singapourien de l'Indonésie, atteignant même des niveaux dangereux pour la santé humaine.