Stéphanie Muzard Artiste engagée et paysanne bio

réunion d'espédaillac, au sujet du projet de villabobolandais de l'aérodrome Figeac Livernon...

L’accroc-nik de Natur’elle,

parue dans le journal le Lot en action n° 4

La petite salle d’Espédaillac était comble en ce vendredi soir malgré l’annonce passée dans le journal la Dépêche du Midi : « le projet du village aéronautique de Durbans est arrêté ». La réunion du collectif Noaéro, menée par Christian Rossi et quelques autres citoyens éveillés a été maintenue et a attiré près d’une centaine de personnes.

Le collectif s’est renseigné : désormais, sur des projets de ce type, ailleurs en France, il parait évident que 30 villas étaient un point de départ pour étendre par la suite ce « village » sécurisé…à près de 800.000 € le caprice avec piscine. On peut comprendre l’ « intérêt » de la « spécul’action » foncière.

A l’approche des élections régionales, sans réactions publiques de nos élus locaux sollicités, il y a fort à parier que la mobilisation contre un tel projet éthiquement et écologiquement insoutenable allait faire tâche dans le paysage du Parc Naturel des Causses du Quercy et …dans le microcosme politique… La vigilance est donc de mise car aucune garantie véritable de suspension de ce projet n’a été donnée au collectif et à la population.

C’est sur près de 9 hectares de terres agricoles exploitées et attenantes à l’aérodrome de Figeac-Livernon, que des investisseurs bataves avaient le projet de faire « sortir de terre » - dans un premier temps- 30 villas de luxe avec garages à avion et garage à voitures, et pourquoi pas, soyons fous, piscine individuelle.  Bien évidemment…la taxe carbone, ils s’en tamponnent, tout comme de la couche d’ozone et de la couche fertile du sol. Quant aux nuisances sonores des lotois d’en bas…couchons-nous dessus et dormons sur nos deux oreilles!

On peut s’étonner dès lors que la seule justification du bitumage de ces terres nourricières ad vitam æternam soit de dynamiser l’aérodrome en augmentant la fréquentation et la circulation pour amortir les frais engagés par la ville de Figeac : 90 000 € de dépenses par an pour 70 utilisateurs en moyenne, amateurs de sensations, passionnés, collectionneurs, qui, de plus, dérangeront certainement les futurs « villabourgeois » avec leurs loopings dans les airs, sûr ! Cet aérodrome était-il donc viable économiquement ? Qu’apporte un village aéronautique d’intérêt privé à l’économie locale ? Création d’emplois pour le projet du village : un gardien et un homme d’entretien,… avec explosion des ventes de boules Quies et certainement une dévaluation de la valeur immobilière du patrimoine bâti proche. Alors que la construction de l’aéroport de Brive-Souillac, qui zèbrera notre azur très prochainement et sur trois départements, est effectivement un projet économique pour tous.

Ah, mes amis ! A l’heure où nous ne pouvons soi-disant pas nourrir nos enfants en agriculture biologique et locale dans les cantines…Ciel, de l’investissement à long terme!

A l’heure de la disparition des terres cultivables en zone périurbaine, alors qu’une ferme disparaît tous les quart d’heure en France : que de stratocumulus dans cette atmosphère destructrice! 

A l’heure où de jeunes ménages avec enfants ou de jeunes paysans ont un mal fou à s’installer dans notre beau département préservé et réservé, à obtenir des permis de construire pour leur habitation principale: Quid des POS, PLU, Natura 2000, Espace Naturel Sensible, Architectes des Bâtiments de France, DDE, SAFER, SAFALT face à l’asphalte? Il est pourtant d’usage que tout ce petit monde « s’affaire » à limiter les possibilités d’exode urbain à coups de loi anti mitage et d’ainsi faciliter le développement d’une population active dans nos campagnes…pour un peu plus vitrifier la carte postale bucolique lotoise, sans nul doute. Oui, il y a des jours où on se demande si la terre vue du ciel n’est pas plus juste et équitable!

Vive le développement du râble -de lapin-, la Haute Qualité Environnementale, du moment que c’est peint en vert : c’est bio. Ça en JET. Je ne sais pas si c’est le mal des transports, mais ça me décolle tout de même l’estomac! Nous pénétrons en zone de turbulences, Mesdames et Messieurs, adeptes du Grenelle et du sommet de Copenhague, veuillez accrocher et serrez vos ceintures, nous atterrissons en plein cœur du Parc Naturel des Causes du Quercy…